Palerno a déjà évoqué, et il n’est pas le seul, cette irrépressible tendance du siècle à instrumenter. Il semble qu’on s’agite beaucoup, on pense qu’il y a de l’argent à gagner dans l’affaire Internet, et Palerno en convient. Mais pas exactement du côté que l’on croit.

Pas du côté programme, contenu, et expression : pour ce qu’il en a vu, Internet n’est pas un contenu, pas une forme, pas un nouveau mode d’expression. Palerno y voit surtout une façon de se déplacer, un tropisme instable, un dispositif de fuite sur le dos d’une souris. Autant le dire, il n’entre pas dans ses habitudes de faire des études sérieuses ou des examens approfondis, et Internet lui semble essentiellement un prétexte à s’équiper en machinerie informatique. Prétexte à produire des puces, des mémoires en barrettes, des modems. Les vendre. Et c’est en ce point seulement que les programmes, les contenus, le "mode d’expression", s’insèrent dans le dispositif : si le signifié essentiel de l’Internet est le mouvement, et peut-être même la tension asymptotique vers la télévision (Internet un jour va peut-être découvrir qu'il l'a réinventée...), il importe de toujours aller plus vite. Changer de puce, greffer des mémoires, doper son modem ! La fonction des contenus, programmes, butineurs, fournisseurs d’accès, est essentiellement de faire prendre conscience à l’usager de la lenteur de sa machine, de l’obsolescence de son modem. De la paresse de sa puce.
Toujours trop lents !


Palerno peut dévoiler le secret de l'Internet, il peut le dire : créer une attraction.
Ce qu'on fait dans les foires (les vogues dit-on plaisamment dans le sud est de la France) : passe anglaise, bonneteau, prestidigitation.

Derrière, un comparse passe, qui fait les poches.