Qui sont les websurfers ?

 

 

Le fun websurfer : Où l’on retrouve, d’après ce que Palerno a compris, une cigale, ou un papillon. Palerno préfère ce genre de dénominations, évidemment plus décalées que des termes

a) à consonnance anglo-saxonne;
b) comprenant les signifiants magiques « web » et « surfer ».
 

Le papillon est hédoniste et surendetté. Infidèle essentiellement (le coeur de cible est coeur d’artichaut), et suffisament lucide pour se connecter au bureau, gratuitement, pendant son temps de travail.

 

L’acting websurfer : les remarques sur la terminologie employée sont toujours valables, et Palerno préfère « le lièvre de Mars » (the hare from March si l’on y tient) à l’acting websurfer. Agité du bocal. Voyage en restant sur place. Fort bien.
Il habite un terrier (Palerno a entendu dire aussi que la papesse de la sociologie américaine, ou bien l’inverse, a récemment déclaré que l’humanité de l’hémisphère nord était insensiblement passée du cocooning au burrowing. Il n’a pas eu le temps de penser toutes les implications de ce déplacement conceptuel).

 

L’ego surfer : une sorte de paon, mais sans la nonchalance. Les attributs habituels du paon, mais au rythme de l’autruche, et avec l’appétit du pélican. Globalement donc, quelque chose qui ressemble à un oiseau, pas encore répertorié par la Fable. Des individualistes qui « voient dans Internet le moyen idéal de s’approprier le monde », et Palerno se demande comment.

Tels sont les trois sociotypes dominants des internautes ( " Dans lequel vous êtes-vous reconnu ?" vous attendez vous peut-être à ce qu'on vous demande...).

Et puis il y a les marginaux, que Palerno ne saurait négliger : les websurfers encore virtuels.

 

« – Mais Internet peut-il demain toucher d’autres sociotypes ?
– J’en suis convaincu, Dieu merci, [...] ».

 

Palerno ne veut pas faire de commentaire.

 

Les monitor websurfers : loups obéissants, jeunes loups apprivoisés, chiens-loups, ce qui suppose que l’on récrive la fable du loup et du chien en imaginant une autre issue (pas très difficile). De ces hommes qui prennent des décisions, et que Palerno a souvent rencontrés. Ils attendent des services qu’Internet pourrait leur offrir (des cours de bourse, des horaires d’avion, des horaires de trains à condition qu’ils soient plus rapides que les avions, des réservations de spectacle pour quelque anniversaire de mariage) mais que le Minitel leur fournit déjà. D’après ce que Palerno a compris, le temps (ne pas le perdre, comment en gagner) est au centre de leurs préoccupations de loups rangés.

Les tribal websurfers : pour faire vite, des renards célibataires. En quête de liens. Ce dont Internet n’est pas chiche. Mais Palerno voit mal un renard sagement assis devant un écran. Mais pour être Renard, on n’en est pas moins homme, et le virtuel, ça va un moment... Palerno pose la question : qu’aurait un renard à faire de bacons (prononcer [bakõ]) virtuels, d’une Dame Hersent virtuelle ?
D’une poule virtuelle ?

Il ne veut pas s’attarder sur les ressource websurfers, virtuels jusqu’à l’impossible, une pitié : riches, attachés aux traditions, à ce qui existe vraiment, qui se touche ou s’effleure pour de vrai. Le virtuel, merci, très peu pour eux. Chats persans, et sans doute pour cent. Commenceront à s’y intéresser sérieusement le jour où tout l’Internet tiendra sur un disque dur d’ordinateur.

Et puis, cruelle lucidité : « [...] la cible des grands médias comme TF1. Ils n’ont pas beaucoup de moyens, pas beaucoup de culture et l’ordinateur tel qu’il se présente reste pour eux un grand mystère. » Ce sont les pragmatic websurfers, c’est à dire les blaireaux moyens scotchés à leurs écrans de télévision. Le websurfer qui ne surfe pas. Palerno en a les larmes aux yeux. Le web sur fer.

 

Et il sourit à la logique pour le moins étrange qui conduit cette interview (Pour résumer : tout le monde sera un jour websurfer, parce que très peu trouvent un intérêt réel à l’être).