Monsieur Palerno, |
C'est avec assiduité que je suis vos travaux depuis plusieurs années, et j'aimerais vous entretenir de quelques points obscurs qui affectent, à ce qu'il me semble, votre démarche. Que ceci soit bien clair, M. Palerno : cette lettre n'attend pas de réponse. J'inscrirai mon nom et mon adresse sur l'enveloppe pour que vous ne puissiez croire à un envoi anonyme, et si l'adresse vous semble étrange, c'est bien « presbytère » qu'il faut lire, et je suis en effet un simple prêtre, mais inutile de commencer par là. |
Ce que j'ai à vous dire est en vérité fort étrange, M. Palerno. |
Je ne dirai rien de la cohérence logique de votre propos, hélas, tout coule de source trop sûre, comme vous l'avez parfaitement synthétisé dans « La ruche la reine la société les media (Mais où est donc le miel ?) ». |
Non, le problème est à la fois à la source, et à la destination. À la source. C'est péché d'orgueil (cette lettre restera confidentielle, n'est-ce pas ?) mais j'ai le sentiment que tout ce que vous écrivez, j'aurais pu moi-même l'écrire, trempé sur fond de douleur et de doute. Pourtant, mes goûts autant que ma formation ne sauraient autoriser à croire que je puisse adhérer à vos idées, à cette violence, même seulement verbale. Mais il n'est même pas question d'adhésion, puisque, je l'ai dit, je suis celui qui a écrit ces textes, je suis Palerno quand je vous lis. Depuis quand dit-on que le parfum du figuier adhère à la figue ? |
Et cela me trouble. Pour moi, bien sûr, pour mon identité de prêtre qui sais combien vos convictions, loin de se cantonner à un agnosticisme de pure forme, sont fondamentalement peu chrétiennes. Mais mon trouble va vers vous aussi, qui seriez déconcerté de trouver cachés entre vos lignes, les germes d'une pensée chrétienne. J'en viens au problème de la destination. A quelle fin tout cela, M. Palerno, pourquoi toutes ces lignes, à quoi bon l'usage de toute cette dialectique ? Si j'étais vous, je pourrais répondre à cette question, et même, un fort volume ne me suffirait pas pour dire toutes mes réponses. |
Je
sais que vous ne manquerez pas de comprendre que cette lettre, à plus
d'un titre, est dictée par le démon. J'ai accepté d' écouter le
démon pour vous donner une chance de prendre conscience de la
contradiction que j'ai vue en vous. « Pourquoi ? » direz-vous, et
c'est seulement ce que j'ai à vous dire, monsieur Palerno : |
Pourquoi ? |
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